Rien qu'une partie d'échecs... [Terminé]

Son regard s'éloigna de ce qu'il contemplait depuis quelques secondes pour parcourir de ses iris émeraudes les environs dans lesquels il se trouvait. Une pièce comme il en avait connu bien des années auparavant. Plancher de bois qui craque sous n'importe quelle chaussure, longues lattes d'un arbre autrefois majestueux mais qui ici, dans cette pièce résistait particulièrement bien. Quelques tapis surement venant de Perse parsemaient le sol, ici ou là. Sur les murs, les bois et fioritures étaient peintes de carmin et de laque, de la feuille d'or recouvrait plusieurs panneaux muraux. De grands tableaux, aux cadres impressionnants dominaient les regards. Tableaux de maîtres uniquement, originaux, cela allait sans dire. Des miroirs également. Ses lèvres se strièrent en un horrible dégout. Il détestait les miroirs. Allez savoir pourquoi... Non pas parce qu'il ne se voyait pas, il n'était pas narcissique à ce point-là, mais c'était ce qui le dénonçait, le trahissait face à la gente humaine. Pitoyables et détestables humains faibles et misérables.

Un long soupir s'échappa d'entre ses lèvres, bien qu'il n'en avait nullement besoin. Un mort ne respire pas, un mort n'a pas besoin d'air. Le rictus devient sourire léger alors que son regard revenait sur la première chose qu'il avait vu en arrivant. Tout le reste n'était que décorum, babioles inutiles, ce qui était le plus important, c'était bien ce qu'il dessinait de ses pupilles dilatées. Ses longs doigts glissèrent sur le marbre noir et alors qu'il baissait la tête, ses cheveux si blancs l'accompagnèrent et tombèrent en cascade de chaque côté de son visage. Puis la main s'éleva de nouveau dans les airs. Pas pour très longtemps, car après une boucle, les bouts de ses doigts revinrent se poser sur une pièce noire, placée sur l'une des nombreuses cases de la même couleur. Un fin sourire traversa son visage et il déplaça la pièce, en diagonale, pour l'arrêter non loin d'une autre pièce. Lentement, sa main se retira et dans le silence qui planait dans la pièce, il murmura:

- Echec et mat par le fou de la Reine...

Ce n'était pas sa partie, ce n'était qu'une partie commencée par deux joueurs, en aucun cas présents dans la pièce quand il fit son entrée. Mais il avait trouvé amusant de la terminer. Et il avait trouvé encore plus amusant l'image qu'offrait ce jeu d'échecs. Ne dit-on pas qu'il ne faut jamais jouer aux échecs avec la mort. Il était mort... Et il venait de faire mat. Comme quoi, la mort avait toujours raison. L'atmosphère était figée dans un esprit de passé. Même lui, avait les gestes lents. Il en avait plus qu'assez qu'on le fasse attendre ainsi. N'était-il pas important, n'était-il pas le meilleur? Sans lui la Fédération ne serait rien. Il apportait la haine, la force... En retour? Rien. Pas même une reconnaissance quelconque. Il avait faim, faim de sang, de violence. Pourquoi ne le laissait-on pas faire comme il lui plaisait? Il attrapa le fou qui avait fait mat et le serra dans son poing. Pourquoi l'avait-on fait mander ici? Il soupira encore alors que son regard calme ne dévoilait rien de ce qu'il pensait...

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L’endroit comme toujours était calme pas un bruit, pas un mouvement, juste un faible petit vent qui basculait quelques papiers ou quelques feuilles tombantes des arbres mourants, ils appartiennent à la nature, donc la nature devrait prendre soin d’eux, et le ciel devrait être clément et pleuvoir arroser ces arbres ces fleures et ces plantes, car ici, personne n’en prendra soin. Peut être y aurait il des monstres qui voudront en prendre soin, aucune objection, c’est dur de tuer le temps surtout lorsqu’on est immortel, c’est dur de voir défiler devant nos yeux des histoires qui se répètent, des victimes qui crient à l’aide puis le sort décide qu’elle devaient mourir… c’est dur, certes, mais loin d’être ennuyeux, comment est ce que ça peut être ennuyeux ? Alors que toutes les créatures vivantes dans cette région ne cherchent que la vengeance, ils la savourent comme la première fois avec chaque nouvelle victime, délicieuse, sauvage, et au lieu d’assouvir le feu brûlant de représailles il le rallume encore plus… telle était leur vie, ou du moins celle de la chef qui ne s’ennuyait presque jamais, qui connaissait savourer ces instants d’attente qui seront payés, qui doivent être graciés qu’importe le prix, qu’importe le temps, et qu’importe combien de mort cette guerre causera, elle ne verra sa fin jusqu'à ce que le dernier de ces imposteurs qui disent non à la vie tombe… et il tombera ce dernier, vidé de son sang jusqu'à sa dernière goûte, payant le prix de sa trahison.

Elle marchait dans ce même endroit qui s’appelait dorénavant sien, sa maison et son refuge, des feuilles séchées craquaient sous ses pieds, et elle avançait de son allure fière et assouvie, elle venait de retourner d’une mission, que du bonheur… l’odeur de sang jaillissait toujours de ses habilles moulantes, elle ne portait jamais son armure en mission, elle n’en avait pas besoin, et ce n’est jamais facile pour faire ses intrusions… elle ne portait qu’un léger t-shirt large et moulant de couleur noire, et un short court qu’on ne voyait pas caché sous son haut, ses cheveux au lieu de suivre son mouvement revenaient en arrière lorsqu’elle avançait, et la devançaient quand elle s’arrêtait… son oeil gauche était caché sous ses cheveux moulants, ainsi était Kavien, loin de ressembler a Rave, tout à fait loin, la couleur des cheveux et celle des yeux était commune pour la quasi totalité des vampires. Kavien donc, rentrait, un sourire large sur son visage pale, un sourire de victoire et de satisfaction… tout à fait agréable à voir puisqu’ils annonçaient un victoire sur des adversaires ou contre un chasseur, ce genre de sourire est bien apaisant à voir. Elle se dirigea là ou ses pieds la menaient, le premier bâtiment fort abîmé, elle le pénétra sans aucune raison précise, ou peut être si, plusieurs sont ceux qui se dirigent vers cette maison puisqu’elle était la première sur le plan de Viersen, la base était un peu plus loin.

Et elle voulait voir un visage des siens le plus tôt possible pour partager sa minuscule victoire, trois chasseurs de moins, trois adversaires sont tombés cette nuit, trois gens ont découvert que la vie qu’ils combattaient tant était si précieuse qu’ils ne l’auraient pensé. Elle ressentit une présence dans la pièce juste à sa droite, elle poussa donc la porte qui cria d’un son vieux murmurant sa décadence, une silhouette apparut, elle connaissait ce jeune vampire assez bien, c’était le maître de guerre de leur première division. Il se tenait devant une partie d’échec, il était lui-même sorti pour une mission, la chef de la fédération n’allait pas tarder à recevoir le récit exacte de sa mission, mais Kavien ne devait rien en savoir… elle ramena son regard vers la partie, essayait-il de continuer le jeu ? Le roi était déjà en échec et mat donc non, sauf si c’était lui qui avait bougé le fou, et si c’était le cas comment saurait-il à qui était le tour ? Elle inspira une large gorgé d’oxygène, puis renifla son habille, cette odeur était victorieuse certes, mais elle devenait lassante, avec le temps qui passait, le sang perdait sa fraîcheur… elle avait déjà soif encore une fois d’une nouvelle correction du destin, elle devait effacer de nouvelle lettres, telle était son désir mais elle devait rentrer revoir ce qui était arrivé pendant son absence… rien de grand sûrement, mais elle aimait entendre les récit de missions glorieuses… elle ramena son attention sur Angelus… son même sourire impassible.

‘’Ma partie d’échec d'aujourd’hui est gagnée aussi ! ‘’

Son regard émeraude se posa sur la nouvelle arrivante et Angelus retint une moue de dégout qui se camoufla dans un fin sourire. Son poing se serra sur le fou qu'il avait dans la main. Kavien. Petite peste qu'il ne supportait que parce qu'elle était la chouchou du Patriarche. Guerrière de la Première Division ou pas, elle semblait connaître le batiment comme personne. Les rares autorisés à entrer ici étaient les Intendants et les Maîtres de Guerre. Que venait faire une inférieure ici? Se vantant que sa mission avait réussi. Depuis quand le Patriarche donnait des missions à de simples guerriers sans que lui, lui le Maître de Guerre, soit également prévenu. Un jour, elle se ferait prendre par un chasseur et il la regarderait partir en fumée et n'en serait que plus content. Ou bien, une sympathique séance de torture, la voyant ainsi pas vraiment vêtue comme il le fallait, il commençait à avoir pas mal d'idées sur comment lui faire perdre son sang, goutte après goutte...

Le vampire se contenta de la toiser, mais ne dit mot. Il semblait parfaitement immobile comme l'une de ces statues de marbre que l'on retrouve dans les musées. Pas un mot ni un mouvement de sa part. Si elle croyait engager la conversation ainsi, elle se trompait lourdement, les inferieurs n'étaient pas de ceux avec qui il appréciait parler, encore moins ceux qui avaient la confiance du Patriarche et n'avait pas le rang nécessaire. La nuit n'avait pas été fraiche, bien au contraire. Vêtu d'un pantalon et d'une chemise, tous les deux noirs, tous les deux de lin, ses cheveux blancs faisaient large contraste, tout comme son regard qui après une bonne minute de pétrification, il se détourna lentement vers une peinture de grand maître. Son arme était dans ses quartiers, pas besoin d'en avoir une ici, quoi que maintenant, il aurait bien fait couler le sang de sa gorge. Rah, il avait faim, maintenant, c'était malin de penser au sang.

Sa propre mission n'avait été qu'une routine plus ou moins ennuyeuse. Une proie bien trop facile qui n'avait exigé que quelques minutes de torture. Du boulot pour les petites mains. Pourquoi on lui recollait des missions de ce genre. Il voulait tuer, il voulait massacrer, il voulait torturer. Pas servir de main d'oeuvre à bon marché ou bien de livreur de pizza. Il voulait la guerre, une guerre totale. Il voulait décimer la race des humains tout comme celle des autres monstres. Seuls les vampires devaient régner sur la terre. Ils étaient les maîtres et lui, Angelus, allait faire respecter cela. Il se battrait corps et âme dans ce combat. Enfin façon de parler, vu que techniquement parlant, il n'en avait plus, d'âme. Mais bon, détail à part, c'était vraiment ce qu'il voulait. Il revint lentement près du jeu d'échec et reposa le fou là où il s'était retrouvé, échec et mat au roi. Pourquoi il attendait ici, il avait horreur d'être aussi patient. Il voulait manger.

Kavien était... Il se contenta d'un demi sourire qui pouvait en dire long et l'observa dans le silence complet, son regard d'émeraude l'observant tranquillement.

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Elle se tenait là, le fixant de son oeil rouge sang, mais il ne parlait point, elle soupira, encore une fois Rave avait oublié de lui dire qu'elle envoyait l'une de ses guerrières en mission et dire qu'il est le responsable de la division où est Kavien, ça s'annonçait toujours mal, il fallait qu'elle pense à cela avant d'être sortie... elle baissa sa tête puis la releva en rendant ses cheveux en arrière d'un mouvement simple, il la fixait de son regard indifférent... la dévisageait, elle se rendait compte du fait qu'il la détestait, oui, sinon comment expliquer son indifférence ? Il se désintéressa d'elle pour rapporter son attention sur sa partie d'échec, puis fixa un certain tableau, ce vampire était très attaché à l'art, ça se voyait. Mais que lui valait cette information dans une situation pareille ? Elle se désintéressa aussi de lui et se permit d'observer la pièce, une telle pagaille... normale et surtout utile, si tous les immeubles dans cette ville étaient soignés ce qui ouvrirait les doutes des chasseurs, c'était bien ainsi.

Une larme coula le long de son visage sortant de son oeil gauche, elle ne portait pas son petit masque qui empêchait ces larmes d'être vues, elle l'essuya brièvement comme si elle en avait l'habitude ou comme si elle ne voulait pas que ce soit vu. Pourtant, son regard émeraude c'était remis sur elle et elle n'aimait pas trop ce genre de regards, il était bien loin de ceux qui ressentiraient de la pitié pour elle et elle l'aimait pour ça, loyal ? Oui, Digne ? Certes, Capable ? Sans doutes. Il était tout de même de ceux qui ne compatiraient jamais avec personne, ce si d'ailleurs était l'une de ses qualités. Elle souleva sa tête vivement rendant toutes ces chevelures qui cachaient sa petite figure en arrière et le fixa de ses deux yeux de sang, un sourire aussi bref que son premier. Que cachait son regard incompréhensible ? Seulement quelques secondes avant il l'ignorait comme si elle n'existait point... que devait elle en déduire? Qu'il attendait des excuses ou bien des explications ?

Aussi vivante, gaie et naïve paraissait-elle, elle ne se permettrait point un tel geste. De plus, on ne sait jamais ce que les yeux d'un vampire cachent, surtout pas celle du maître de guerre de la première division... que faire donc afin d'animer la conversation ? Ou plus tôt pourquoi l'animer ? Il fallait qu'elle aille prendre l'un de ces bains désinfectants qui réduirait cette odeur qui l'impatientait. Il fallait sortir de cette pièce en décombres, se diriger vers la base, prendre ce chemin au sous-sol, atteindre sa chambre puis s'engouffrer dans son bain si agréablement préparé... rien que quelques minutes et elle ne sentirait plus la peste. Mais bien avant, il fallait qu'elle remette les choses en ordre, même si elle n'est pas si douée pour ça, les discours de regret et de pardon ne font pas partie de ses spécialités, d'ailleurs elle n'avait rien à se faire pardonner, enfin si, peut être, elle venait de pénétrer un territoire fait pour les hauts classés, elle venait de perturber son supérieur, que devait-elle faire de plus pour aggraver la situation ?

''Vous n'avez pas l'air de vouloir converser, donc''

Bourdonna-t-elle dans son coin, toujours sous son regard vert hypnotisant, elle baissa sa tête en signe de respect comme la majorité de ses monstres faisaient pour la saluer. Tant de respect envers elle, la matriarche, mais quand elle se déguise, elle perd son rang et aussi le tant de choses qu'elle imposait aux autres. Un statut c'est important, ce n'est pourtant pas tout. Elle se retourna de moitié, se faisant basculer de son propre territoire, il lui manque un titre pour être ici, la seule chose que Kavien sous ce simple nom ne possède point. Elle releva sa main en signe d'au revoir laissant filer un dernier mot qui donnera fin à cette conversation d'une seule partie.

''J'a''

Le silence s'installa dans la pièce, pur, vierge. Non pas le silence de la salle de cinéma quand un film commence, pas non plus le silence de la salle d'attente d'un médecin quand tout le monde se demande ce qui va lui arriver et que personne ne veut engager la conversation de peur de mauvaises nouvelles. Ce silence-là, c'était plutôt le silence d'une église après l'office religieux. Un mort et enterré, et personne n'ose en parler. On a peur de briser le silence du respect envers celui qui dormait à jamais. Ici, c'était le même, gêné pour l'une, délectable pour l'autre. Quelle n'était sa plus grande joie quand il voyait l'hésitation sur le visage de celui qui était en face de lui alors qu'il n'ouvait pas les lèvres pour parler et toisait de son regard immobile. Cela marchait à tous les coups. Il avait compris cela il y a bien longtemps, cela destabilisait terriblement ses interlocuteurs, aussi avait-il appris à ne jamais se dévoiler. Dormir comme l'eau et un jour, quand personne ne s'y attendrait, sa colère éclaterait comme une tempête en mer.

Ce qui est passionant chez les vampires, c'est le capacité à ressentir les émotions des autres du moins les plus puissantes, la peur, le désespoir, l'amour, la haine. Mais pas que cela. Même s'il ne la regardait pas, il sentit la larme couler sur la joue de la jeune femme. Même pour quelques secondes. Un sourire sarcastique traversa son visage et disparut au même moment que la vampire essuya cette perle cristaline. Il se retourna donc et la toisa passivement. Il se demandait bien à quoi elle pensait en ce moment. S'excuser pour cette mission qu'elle n'avait pas daigné le prévenir? Non, un vampire ne s'excuse pas. Partir et fuir sa vision? Peut-être, après tout, il n'était pas le plus amical des vampires et même que le terme amical ne lui convenait pas du tout, même. Le visage de la guerrière ne lui montrait rien, elle aussi savait cacher ses émotions. Même s'il détectait cette gêne toujours présente quand elle était dans les parages. Il se demandait bien pourquoi.

''Vous n'avez pas l'air de vouloir converser, donc''

Non, cela était certain, pas avec une inférieure. On ne daigne pas le prévenir, il n'avait pas non plus à s'en occuper. La curiosité n'était pas son fort, bien que concernant les missions qu'on ne lui donnait pas et qu'on jugeait plus utile de ne pas l'informer, il aurait bien aimé connaître la raison du pourquoi, car il n'aimait pas du tout, mais alors vraiment pas du tout qu'on le remplace dans son dos. Elle le salua et s'apprêta à partir. Bien tant mieux qu'elle s'en aille, qu'elle arrête de fanfaronner devant son nez. Encore une seconde avant qu'il ne lève à son tour une main, en signe d'arrêt. Son geste était lent et pourtant autoritaire. Toujours dans ce même silence, il s'approcha, de sa manière fluide, la fixant, sans jamais la lacher du regard. Il ne s'arrêta qu'à portée de main. Elle sentait la mort, pas celle vampirique qu'ils avaient tous, non, l'odeur d'une autre entité, un sang frais, humain. L'éclat de son regard émeraude s'intensifia. La demoiselle avait donc eu le droit à une partie de chasse.

- Chasseur? Ou simple hors-d'oeuvre?

Une voix à peine plus élevée que le niveau audible et nécessaire pour engager une pseudo-conversation. Un ton glacial, mais qui en disait long. Un visage toujours aussi impénétrable, hermétique à toute compassion. A nouveau, Angelus fit un pas, pour se tenir à quelques centimètres de la jeune femme. Non, il pouvait sentir plusieurs sangs différents. Est-ce qu'elle avait été en mission ou bien simplement en chasse pour une diner en solitaire. Partage, Kavien... Un secret n'existe que s'il peut être dévoilé, sinon, il n'y a pas d'amusement. Partage et dis-moi tout. Lentement, le vampire fit un pas en arrière, puis un autre, avant de tourner le corps puis le visage et de revenir près de la partie d'échec. Madame la Mort pouvait bien jouer aussi souvent qu'elle le souhaitait, il était déjà dans la catégorie de ses suivants. N'ayant aucune envie d'aller faire un rapport comme un vulgaire chien va auprès de son maître, il repoussa l'échéance d'aller voir le Patriarche en entamant un étrange dialogue avec cette... guerrière.

- Retour de si bonne heure... Cela a dû manquer de poésie...

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E

''Chasseurs''

S

''Moui, probablement, s'ils n'étaient pas à quelques kilomètres de la ville. La danse était de courte duré, mais agréable quand même''

E

''Vous n'avez sûrement pas vu cette pièce''

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''Vous gagnez''

Chasseurs? Heureusement qu'il ne l'observait pas, car au moment précis où il prononça les syllabes de ce mot, son regard éclata en un feu de forêt, prêt à lancer des éclairs plus terribles que ceux de Zeus lui-même. Il serra les machoires machinalement, alors que son poing se serrait jusqu'à ce que les jointures deviennent blanches. Mais aussi rapidement que cela n'était apparut, il se calma, reprenant sa passivité extrême. Ainsi, elle avait eu le droit à un ou des chasseurs, mais avec un large soupçon sur le des chasseurs. Et lui... Et lui, qu'est-ce qu'il avait eu pendant ce temps? Pitoyable! Un jour, un jour, il promettait que cela allait tomber sur le visage du Patriarche, il allait lui faire bouffer ses dents vampiriques. Personne, personne ne devait être au-dessus de lui et voilà qu'une... qu'une peste d'inférieure avait des missions que... Ah, la colère l'envahissait, pas la simple colère, la haine incommensurable s'attisait en son corps. Que surtout, surtout, elle ne vienne pas le chercher. Parader ainsi devant lui était un pur manquement à la hierarchie. Il abhorait cette... vampire. Jamais, jamais il ne lui pardonnerait, pas plus qu'au Patriarche qui se faisait des chouchous dans son dos. Ah ça, il en donnait sa parole.

Pathétique, vraiment. Avec tout le contrôle possible et inimaginable il reprit sur soi, tut la hargne qui bouillonnait en lui et glissa dans la phrase qui suivit un semblant d'intéret dissimulé pour la faire parler. Quand elle répondit, il releva sur elle, un regard dénué de sentiment. Agréable? Comment les danses macabres pouvaient-elles être agréables? Elle manquait de poésie, elle jouait dans la cour des grands et pourtant, elle n'y connaissait rien. Faible inférieure. Aucun art mis en jeu, pas cette petite chose qui différencie le basique à l'artistique. Agréables? Non, non, non, les danses macabres étaient tout sauf agréables, elles étaient délectables, ce gout du sang, cette trace carmin à la base du cou, cette texture ennivrante, ce gout de cuivre qui coule dans la trachée, ce sentiment d'ultime joie quand la mort se lit dans les yeux de la victime. Là était le pouvoir des vampires, prendre une vie et n'offrir que la mort en compensation. Pas agréable, non... délectable, oui! Elle agissait terriblement comme une si jeune vampire qu'on forme à peine. Mais il était loin d'être dupe, il était sur qu'elle cachait son jeu. Voulait-elle lui faire croire qu'elle n'était qu'une pauvre innocente? Pas quand on est la favorite du Patriarche.

- Tu caches bien mal ton jeu, Kavien.

Une phrase qui n'avait rien à voir avec ce qu'elle venait de dire, pas plus qu'il s'en occupa non plus. Elle avait bidouillé, parlant familièrement, avec le jeu d'échec juste sous son nez, mais il ne releva nullement. Echec et mat... Que croyait-elle? Qu'il ne savait pas joué? Il était très certainement bien meilleur observateur qu'elle ne l'était. Si seulement le Patriarche pouvait voir cela. Elle n'était... elle n'était qu'une guerrière. La tour n'avait pas été là quand il avait déplacé le fou, sinon, il n'y aurait pas eu d'échec et mat. Encore une inférieure qui ne voit en lui qu'un simple supérieur imbu de sa personne. Certes, il était imbu, il n'y avait pas de secret, mais ce n'était pas non plus un être dénué d'intelligence et de sens de l'observation. Le murmure échappé d'entre ses lèvres à peine ouvertes laissa la place à un silence de mort. Le vrai, celui que l'on croise dans les cimetières et qui glacel le dos à chaque seconde. Non, finalement, il n'appréciait pas la conversation. Il détourna le regard, puis tout le corps pour se diriger de son pas presque fantomatique loin de cette table, vers un globe terrestre sur pied. Magnifique objet. Sa main pâle fit tourner subtilement la boule. Un jour, il aurait la Terre entière sous son contrôle.

Alors qu'il était à ses rêves de domination, il en oublia jusqu'à la partie d'échec et soupira comme un vulgaire humain respire. Pourquoi le faisait-on attendre ainsi? Le Patriarche le savait bien pourtant. Angelus n'était pas vraiment vampire à faire patienter. D'accord, le Patriarche avait tous les droits, mais il en vallait pour la santé mentale du vampire aux yeux d'émeraude. Silence. Immobilité. Mauvaise compagnie. Tout ce que Angelus faisait, mais ne supportait pas qu'on lui fasse. Il avait besoin de s'évader par la musique, de voir les oeuvres se créer et d'être seul. Que venait-elle faire ici, cette... guerrière? Etait-ce un test? Est-ce que le Patriarche enquêtait sur lui? Quoi? Comme s'il allait dévoiler les secrets à une inférieure. Encore aurait-il envoyé un Intendant... Au grand galop, la colère mélangée à une haine terrible ressortait en lui. L'impatience se mit à le guetter et il s'assit dans un fauteuil cachée dans la pénombre. Mis à part ce brouillard blanchâtre que sa chevelure offrait, rien n'était plus visible pour les yeux non avisés. Il ferma les paupières et garda le silence. Que le temps passe vite, il voulait sortir d'ici au plus vite, chasser cette fois non pas pour le Patriarche, mais bien pour lui, assouvir cette soif de sang gangréneuse.

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Les vampires, sont des rares créatures qui arrivent à sentir des choses et des flaires sans avoir un contacte directe avec la personne. Ils ont de ces dons mystérieux qui font que l'un comprend l'autre sans avoir recourt aux paroles. Une sensation aussi forte n'allait pas passer inaperçue face aux sensations du vampire. Elle avait vécu bien plus que lui et comprenait des choses qu'un simple être vivant ignorait sûrement. Ce si dit, Angelus était loin de n'être qu'un simple être vivant dénué de sensation et d'instinct, elle n'était pas aussi simple aussi, il aurait bon cherché à cacher ses impressions et cette vague de sentiments qu'il éprouva, elle les avait toutes perçues et si ce n'était pas par instinct s'aurait été par déduction, parce que ce qu'il voyait, lui, c'est une petite gamine guerrière en train de se vanter d'être en relation directe avec la matriarche, Rave n'aurait pas pardonné ce genre de comportement, mais vois-ci qu'elle s'était mise dans cette même situation, faute de tact ? Non, c'était d'une part son caractère mal soigné envers son supérieur et d'un autre de ces idées qu'il n'arrête pas de se faire. Si elle était si bonne plus qu'elle ne le montre, elle aurait grimpé les échelons tout comme lui. Il se comparait à quelqu'un d'inférieur... Supérieur comme il est, il ne devrait pas se comparer qu'aux supérieurs, non, il devait éviter de se comparer à qui que ce soit. Comparaison n'est pas raison.

- Tu caches bien mal ton jeu, Kavien.

Il avait peut être raison, se déguiser sous le titre de Kavien était une idée qu'elle venait juste de mettre à l'oeuvre. Elle soupira une fois sur sa chaise, elle allait devoir réparer les ordres, mais elle n'avait nulle envie de chouchouter un maître qui, au lieu de primer ses soldats se compare à eux, se laisse emporter par n'importe quelle parole de leurs parts. Elle referma ses yeux à son tour, oubliant carrément là où elle était, cette petite minable créature que Kavien était, devait montrer ses faiblesses pour qu'il soit satisfait ? Ou devrait-elle s'agenouiller et demander clémence pour que monsieur le maître de la première division ne s'énerve pas ? Un silence strident s'installa, que devrais-je en dire ? Infernal ? On dit souvent que le calme vient avant la tempête, mais on oublie qu'il y a vraiment des tempêtes qui sont eux-même calmes. Elle rouvrit son oeil droit et le fixa. Maintenant quoi ? S'il ne voulait pas entendre de réponse il ne devait pas poser de questions. Elle se redressa en plein silence et se releva de sa chaise, elle avait assez retardé son bain en lui parlant, entre autre, il fallait qu'elle rentre et d'ailleurs ce vampire devait rester seul, absolument tout seul pour pouvoir se calmer. Mais elle n'allait pas lui garantir ce souhait, il vivait bien trop à l'égard des autres qu'il se croyait pardessus tout le monde, ce n'était pas grave, ce n'était pas un crime, c'était tout à fait lui, simplement, fièrement, mais il devait le faire dignement et arrêter de faire des histoires à cause d'une moins gradée que lui.

Elle avança de quelques pas vers lui, cherchait-il le silence et bien il ne sera pas servi. Une fois quelques mètres de loin, elle pri le globe avec qui il jouait juste avant et le laissa expert tomber, celui-ci se détacha de son support et roula toucher son pied. Elle suivi la balle, la releva et se mit à la contempler comme si de rien n'était, comme si elle ne dérangeait personne, cherchant leur petite ville, elle le retournait par-ci et par là, mais elle ne parvenait vraiment pas à reconnaître leur petite ville monstrueuse. Elle soupira. Elle teint la balle d'une main et se frotta la tête de l'autre, puis finalement se décida de ranger l'objet quelque part. Elle le remit sur la table sans son support, et se retourna vers son maître, peut être avait-il mal au dos, ou aimerait-il relaxer, elle s'aventura vers Angelus encore une fois en se frottant les mains, elle était douée pour faire des massages, n'allez pas chercher d'où ce sont des souvenirs qu'il ne faut pas remuer. Elle se tenait, juste derrière lui, prête à lui masser les épaules stressées par le poids des répétitivités, ou seulement par ses nerfs inexpliquée. Elle n'avait rien fait de mal, pourquoi donc s'en vouloir.

''Vous voudrez que je vous fasse un massage, ça devrait être reposant ?''

Les yeux fermés, il ne se reposait nullement. Disons qu'il laissait plutôt son esprit repassait et repassait quelques scènes de tortures, quelques parjurés qui se disaient de dieu et d'autres croyances que les demons trouvent amusantes. Oui, torturer les hommes de robe, c'était ce qu'il y avait de plus distrayant. Leur sang était pur, pur par leur croyance en ce dieu que les vampires craignent. La croix, l'eau bénite... Avoir entre les mains un de ces hommes de foi, c'était quelque chose qu'on ne pouvait pas oublier de ci-tôt. Ses pensées vagabondèrent au-delà des paysages rencontrés, comme si aucune barrière n'existait. Intéressant de savoir qu'un simple humain était bien incapable de telles actions mais que lui, créature de la nuit, tout comme ses frères et ses soeurs pouvaient l'exécuter. Un voyage pour l'esprit alors que le corps ne bougeait pas. Curieux également on pourrait appeler cela, mais tellement ennuyeux. Il avait besoin d'action, il avait faim. Non, non, non... Etre patient encore, attendre le Patriarche, faire son rapport et partir pronto d'ici. Il ne supportait pas cette demeure. Il avait envie d'aller dans le village voisin, tarrir les veines d'un faible humain pleurnichard et laisser son corps à sa famille qui en pleurera la perte.

''Vous voudrez que je vous fasse un massage, ça devrait être reposant ?''

Il ouvrit les yeux brusquement et ses pupilles dilatées prirent la couleur du plus profond abysse alors que ses iris lançaient des éclairs terrifiants. Malgré la noirceur de l'endroit dans lequel il s'était assis, son regard était devenu plus brulant que le brasier satanique. Il ne bougea pas plus, pas un muscle, rien était visible, pas plus qu'une émotion impalpable. Non, à ce moment-même, Angelus était bien une vraie statue de cire sans vie, un corps qui venait de rendre l'âme. Son regard était fixe, toisant littéralement la jeune femme devant lui. Pas une seule pensée ne filtra, et toujours aucun mouvement ne prit son corps. Il était pourtant clair que la phrase à peine prononcée n'aurait jamais du l'être, encore moins par cette... guerrière. La pièce toute entière n'était devenue qu'un tableau à tout jamais peint sur sa toile. Rien ne bougeait, sauf peut-être... Non, ce n'était que la lune derrière les carreaux à la française. Rien de bien méchant n'est-ce pas? Oui, oui, cela ne pouvait être que cela. Ils étaient seuls après tout. Ils attendaient le Patriarche, personne ne pouvait entrer ici sans l'accord du chef de cette fédération et les quelques serviteurs étaient loin de l'aile de ce bâtiment. Non, ils étaient seuls.

Puis, sans préavis, il se redressa, sans dire un mot, sans même faire un bruit, comme si tout n'était que film et que l'on avait poussé le bouton muet de la télécommande. Il se leva donc pour s'approcher à pas lents de la vampire, coutournant ainsi le fauteuil dans lequel il avait pris place quelques minutes auparavant. Il ne s'arrêta, encore une fois, que trop près, défiant l'espace vital de tout un chacun et en particulier celui de Kavien. Son regard était transperçant, agressif au possible. Avant même qu'on ne put le voir, aussi soudainement que l'éclair frappe la terre, le revers de la main d'Angelus avait frappé avec toute la force vampirique la joue de celle qui venait de parler. Mais il était loin d'avoir fini avec cette... vampire. A peine le coup était parti qu'il la rattrapa à la gorge et serra tout aussi fort. Bien heureusement les vampires n'ont point besoin de poumons, mais c'était juste pour la forme. Sa poigne fit rapprocher le visage de Kavien jusqu'au sien, il ne l'arrêta qu'à une dizaine de millimètres. Son regard émeraude brulait littéralement. Sa main libre enserra le poing de la jeune femme, lui interdisant tout mouvement, du moins, d'une main. Sa voix se fit maccabre, lente et pratiquement silencieuse, machant méticuleusement chaque mot.

- Crois-tu que j'ai besoin de repos?

Pour qui se prenait-elle encore une fois? Il était loin d'être grabataire, encore plus loin d'avoir besoin de repos après une nuit aussi pénible d'attente que celle-ci. Oh que non il n'avait pas besoin de repos, bien au contraire, la seule chose qu'il désirait en ce moment précis, c'était bien de dépenser toute son énergie contre une proie en pleine possession de ses moyens. La chasser comme il se le devait puis de s'en repaître jusqu'à plus soif. A quoi bon attendre la réponse. Il s'ennuyait déjà, à nouveau. Pourtant, il ne lacherait pas prise quoi qu'elle pouvait bien faire, bien trop haineux pour ressentir la moindre douleur qu'elle pourrait lui infliger. Et puis, il avait bien d'autres idées concernant cette nouvelle insubordination. Son regard finit par lacher celui de sa captive pour glisser le long de l'arrête de la joue et se poser sur la peau de son cou dénudé. La peau pâle des vampires permettait à leur insu de repérer les veines et le manque de vêtement sur le cou de Kavien n'y aidait absolument pas. Il avait tant attendu dans cette pièce comme un vulgaire soldat de pacotille que la faim avait hurlé famine.

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Il se releva, ses yeux encore plus sombres qu'avant, le vert pouvait vraiment être effrayant... mais elle se tenait là, elle avait cette impression qui lui disait qu'il allait l'attaquer, mais refusait de bouger, cet homme était un vampire avant d'être son supérieur et pourtant, pourtant il fallait qu'il sache comment faire pour contrôler ses sentiments. Il s'approcha, la gifla et attrapa sa gorge et la serra, mais voyons, on ne respire pas lorsqu'on est vampire, ou peut être si, afin de maintenir ce corps humain en vie. Elle le fixait droit dans les yeux, petit vampire, petite créature instinctive, l'ayant agité toute sa chevelure revint toute en arrière, son oeil coulant de larmes depuis toutes ces dynasties, ne décidera pas de lui-même, il ne s'arrêtera pas de créer ces quelques petites perles cristallisées qui coulaient le long de son visage, par pitié, n'allez pas croire qu'elle pleurait sa vie, ou qu'elle suppliait pour sa survie, elle n'était pas de ce genre et pourtant, s'en était la situation.

- Crois-tu que j'ai besoin de repos?

Demanda-t-il, aussi énervé que jamais, elle le fixa plein dans ses yeux, que pouvait-on penser du visage mesquin et de l'oeil pleureur ? Elle aurait soupiré, elle ne le pouvait pas, l'air n'entrait pas affin de ressortir, Kavien d'un point ne devrait pas lever une main contre son maître et Rave d'un autre refusait de le faire contre les siens sauf trahison, il n'avait pas trahi, pas encore, sauf s'il touchait au sang de kavien. Il chercha son coup de ses yeux et rien n'était à cacher, mais pourtant, la vampire n'allait pas lui permettre de boire de son sang, uniquement un seul être le pouvait et ce même être est déjà mort. Bon, elle n'aira qu'à finir ce qu'elle avait commencé, tout en évitant d'utiliser ses armes à elle, sauf besoin. Elle bougea sa main droite d'un mouvement fluide et le fit relever le visage, il fallait qu'il la fixe, qu'il voie ses yeux pour sentir d'où proviendront ces mots, à quoi bon gagner de force. Un Maître ne devrait pas s'énerver aussi vite.

''Exactement, vous n'en avez pas besoin, parce que vous, vous être... supérieur ''

Ses larmes coulaient le long de son visage, son regard ténébreux haineux plein de mépris et de vengeance le regardait, elle le fixait à armes égales, il avait une main sur elle et elle le touchait d'une. Leurs regards s'effleurèrent. Il y'a de ces combat qu'on ne gagne pas en usant des armes et des techniques, il y a des combats d'âmes que seuls les vrais combattant connaissent. Son adversaire était fort, mais elle ne l'était pas moins, chose qu'elle ne pourrait cacher même si elle l'essayait, il y a des choses qui sont en nous, qui font que nous sommes ce que nous sommes. Mais finalement cette minable créature qu'il avait entre les mains était celle à qui il s'était toujours comparé. Elle laissa sa main tomber à bout de force, et ses yeux s'adoucirent considérablement, quand on a vécu tout ce temps, on apprend à faire des choses qu'on a pas l'habitude de faire, on apprend à faire de la comédie, mais pas n'importe laquelle, elle a vu tellement de situations qu'il lui était impossible de ne pas jouer son rôle à perfection.

Qu'en déduire ? Qu'en déduire ? Qu'elle le haïssait parce qu'il était supérieur, qu'elle faisait ainsi parce qu'il la dépassait. Ses yeux se renfermaient, mais sa haine ne disparaissait pas, à lui de la sentir, à lui de la comprendre. Quand on est inférieur, on joue des jeux interminables afin d'avoir la sensation d'être nous aussi supérieurs. Mais il n'y a que la sensation qu'on reçoit et rien d'autre. Mais quand on est supérieur, on ne se joue pas le héros devant quelqu'un de plus minable. Mais peut-être lui se baissait-il à ce stade, tellement que n'importe quoi suffisait. Il aurait bon la haïre sans raison, elle le haïssait et elle avait ses raisons pour le mépriser. Elle fronça péniblement, tenta d'ouvrir ses yeux un peu plus grands, elle se grinçait les dents énervée, rassemblant ses forces, elle releva sa main vers sa chemise noire qui mettait en valeur la couleur de sa peau pale, elle le teint par le col, mais ne put le faire aussi fort, "camoufler ce qu'on peut faire" fait aussi partie de nos forces...

''Vous êtes impardonnablement supérieur ''

Aaah, avoir une vie entre ses mains. Être maître d'un destin qui n'était pas le sien. Observer dans les yeux de la victime, la peur, le regret et peut-être la douleur. Puis son regard affamé était lentement descendu le long de sa peau. Non pas qu'il voulait Kavien, très loin de lui cette idée, il avait simplement envie de se délecter d'un sang frais. Le sang des vampires ne pouvait pas calmer la soif de sang tout court, mais en tout cas, il lui ferait largement oublier qu'il avait si faim. Il aurait bien voulu mordre, cette veine hurlait son nom, l'implorait de planter ses longues canines dans cette peau si fine, si délicate. Pourtant, une main lui fit relever la tête, comme un nuage de douceur et sans qu'il sache pourquoi il y obéit, sans arrière pensée, replongeant à nouveau son regard émeraude dans les iris de Kavien.

Moment que bien des témoins auraient pu croire comique ou stupide, pourtant, dans ce recoin d'obscurité, il n'y avait que haine et colère silencieuse qui ne demandait qu'à éclater. Qu'attendait-il, lui le Maître de Guerre de la Première Division pour briser ce petit cou et réduire la vampire en cendres? Qu'allait-elle faire pour qu'il la lache? Elle avait encore des armes à portée de main. Se défendrait-il? Personne ne pouvait le prédire, pas même lui. Là dans cette pièce immobile et inchangée depuis des années, si ce n'était plus, il y avait deux vampires que le temps même avait stoppé, aspirant leurs âmes, pétrifiant leurs corps dans cette jeunesse immortelle. Bien étrange scène qui se déroulait là pour sûr et qui savait comment cela allait terminer. Probablement aucun des deux protagonistes.

Les larmes ne le firent pas le moins du monde réagir. Le toucher, lui? Comment? Quand on a ni âme, ni remord, même un enfant qui pleure, il y reste insensible. Pas un mot, pas un son ne sortit d'entre leurs bouches, simplement ces regards qui en disaient longs. L'un haïssait l'autre, alors que l'autre qui au départ avait pris le même sentiment, se calmait. Comme si... Comme si Kavien rendait les armes. Comme si elle abandonnait. Chose qu'il aurait plus que méprisé en temps ordinaire. Oui, mais voilà, une image que lui seul connaissait lui apparut sur la rétine et immédiatement la prise autour du cou de la vampire se relacha. Il la tenait toujours oui, mais ce n'était plus qu'une main posée sur un cou. Angelus en fronça les sourcils, comme si lui-même ne comprenait pas.

Son regard divagua, s'en allant par dessus l'épaule de la guerrière avant de revenir croiser les yeux de Kavien. Puis finalement, il retira sa main alors qu'elle-même l'attrapait par le col de sa chemise. Il se laissa faire pourtant, intensifiant ses pupilles dans une sorte de défi instinctivement. Mais il n'en bougea pas plus. Supérieur? Indéniablement. Et fier de l'être. Ses propres mains entourèrent les poings de Kavien et les forcèrent à le lacher puis il s'écarta complètement de la vampire. Il ne dit rien. Non, rien que le silence de la mort pouvait posséder cet endroit. Il s'écarta et pourtant, il ne la lacha point du regard. Comme s'il savait exactement où se trouvait chaque objet, il les évita soigneusement. Ce ne fut que lorsqu'il fut au centre de la pièce, sous un rayon de lune argenté qu'il tourna la tête, puis tout le corps.

Au loin, bien loin des Ruines de Viersen, on entendit un clocher sonner. Minuit. La nuit était encore jeune. Il avait faim. Il pouvait repousser l'entretien avec le Patriarche pour le lendemain soir ou bien attendre le ventre hurlant famine, ici, bien sagement. Il pouvait partir en chasse avant l'aube et vider un humain mécréant ou bien descendre dans les cachots et boire tout le sang d'un capturé. Sa décision fut prise rapidement. Le Patriarche ne l'avait fait que trop attendre, c'en était presque indigne de lui. Il avait trop faim. Va pour un prisonnier. Au diable son humeur massacrante, ce sera au Patriarche d'attendre. Angelus prit la direction de la porte et ne s'arrêta qu'une fois la main sur la clenche, il tourna son attention vers la vampire avant de prononcer:

- Va dire au Patriarche que je ferais mon rapport après le coucher du soleil. Je ne puis attendre plus longtemps, contrairement à toi, je n'ai guère été uffisamment satisfait par ce début de soirée.

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'' Le patriarche envoie votre division dans une seconde mission ''

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'' Le patriarche envoie votre division dans une seconde mission ''

On dit que la vie peut être étrange. Il en aurait ri s'il savait seulement le faire. Car au final, la mort était encore pire et même ironique si l'on pouvait dire. Une lettre, allons bon. Il prit la lettre sans remercier, sans mmême ouvrir la bouche et arracha l'enveloppe pour déplier le papier. Il lut rapidement et retint un ricanement de dédain. Pas vraiment mieux de celle dont il revenait. Il replia la lettre. Pas question de jouer plus longtemps au larbin, il donnerait cette... pseudo-mission à quelqu'un d'autre de sa division. Le Patriarche abusait franchement de sa position. Juste au moment où il disait qu'il se retirait. Il avait des espions partout c'était à croire. Les murs ont des oreilles. L'expression était bien connue. Son regard passif toisa l'apprenti, il plissa légerement les paupières, fronça les sourcils, mais n'ajouta mot. Le jeune vampire qui était loin d'appartenir à sa division se décida à partir rapidement et pratiquement au pas de course, probablement effrayé par les iris émeraudes du maître de guerre. Angelus plia la lettre et la plaça dans sa poche. D'un pas silencieux et fantomatique, il traversa le long couloir.

La mission pouvait attendre le prochain soir. Le Patriarche le faisait attendre sans raison, il ferait attendre le Patriarche et tant pis s'il avait un blame, car on avait besoin de lui pour la Première Division. Même Kavien n'avait pas assez de pouvoir sur les autres vampires pour les commander. Il avait faim et en y repensant bien, il y avait bien une ou deux donzelles dans les cachots et plus il y pensait, plus il avait faim. Il s'arrêta sur le péron et leva le regard vers la Lune. Les cotons nuageux essuyait le ciel des millions d'étoiles qui scintillaient doucement. Magnifique nuit pour ceux qui prennent le temps de l'observer. Ici, dans les Ruines de Viersen, personne ne venait. Le vampire aux yeux d'émeraudes eut un fin sourire avant de laisser le vent jouer dans ses cheveux blancs. Il ne passerait pas par ces appartements, dans les sous-sols de ses vieilles ruines. Il n'avait pas besoin d'arme blanche pour vider de leur sang quelques prisonniers. La faim l'appelait, le sang l'invitait. Il avait soif. De son silence mortuaire, il disparut sous les épais feuillages des arbres aux alentours. Il ne serait plus revu ce soir, mis à part dans les cachots de la fédération. L'heure du diner avait sonné...

[The End pour Moi]